Nous campons une nuit au pied d'un silo. Haute stature caparaçonnée d'aluminium. Au matin, nous nous disons que la visite serait bienvenue dans notre parcours. Nous n'imaginons pas être bien reçu c'est pourquoi la première question sera peut-être la seule. On cherche, et vous trouvez ça intéressant de faire ça, combien êtes vous payés... il s'agit d'engager la conversation. Elle s'engage plutôt bien puisqu'on nous sourit et qu'on nous propose de visiter. Jan n'a pas voulu visiter, il trouve ça ennuyant, et de plus nous sommes en froid...


Nous avançons vers le poste de commande du silo. 


Evidemment c'est Eva qui pose toutes les questions dans la langue adéquat et qui me traduit les réponses. Elle est parfois emportée par les réponses et précisions apportées par son interlocuteur. Les échanges sont fréquemment assez longs ce qui donne l'occasion de toutes les digressions, découvrant d'autres sujets plus importants dévoilés par la première question. Ma part est peu active, j'assiste à l'échange, je cherche des repères et parviens à en trouver quelques fois et ainsi, libre que je suis d'entendre les réponses faites précédemment et de réfléchir, me viennent d'autres questions ou remarques. Je me retiens et quelques fois je ne me retiens pas. J'attends la fin d'une traduction et profitant de ce que l'autre interlocuteur écoute comment on traduit ce qu'il vient de dire (c'est pas lui qui a le bâton de parole) je pose une autre question. Ce n'est certainement pas évident pour Eva d'accepter ma participation, d'écouter mes question, de les comprendre, de les faire siennes, de savoir comment les poser avec les équivalents tchèques, et finalement avec toutes les dérives possibles de suivre deux conversations pas complètement synchronisées.


Ici nous apprenons que le silo appartient à une coopérative. Il est la propriété d'une trentaine d'agriculteurs. Les plus gros peuvent posséder 3000 hectares, alors que le plus petit a 100 hectares. Evidemment on imagine comment les décisions peuvent être prises, quelle priorité est donné à qui... 

On sait aussi que cette coopérative n'appartenait pas à l'état pendant le communisme. Sur ce point nous nous demandons quelles étaient les intentions de l'état. J'imaginais que l'état avait mis la main sur toutes les activités. Mais peut-être n'avait-il pas besoin d'exproprier ces propriétaires puisqu'ici les agriculteurs possédaient collectivement le silo; ils en étaient coopérateurs. Sur ce sujet il faudrait travailler beaucoup pour comprendre un peu quelle était la situation sous le communisme, quelles ont été les conséquences après la chute du mur.


Sur la destination des récoltes, notre interlocuteur nous informe qu'elles ne sont pas destinées à produire de l'énergie, (on évoque l'activité du premier ministre tchèque), et pas non plus à nourrir les hommes. Toutes les récoltes sont destinées à nourrir des animaux. Il ajoute que malheureusement la culture pour les animaux ou pour l'énergie paye mieux. C'est intéressant et encourageant d'entendre cet argument éthique chez un employé d'une firme qui tire son bénéfice ailleurs. Nous nous demandons si ce sont les contrainte sanitaires, en supposant qu'elles soient plus drastiques, qui ont un impact sur le prix des produits la culture. Si ce sont les agro industriels qui dictent les prix des produits et les maintiennent aussi bas pour maximiser leurs bénéfices. Quelle est la part de chaque raison dans la fixation des prix? Il est certain que plus les producteurs d'aliments sont gros et plus leur pouvoir à fixer les prix sont grands. 


Dans l'installation il y a des silos verticaux, un séchoir rotatif (comme un tambour de machine à laver de 3 mètres de diamètre, toutes sortes de cheminées ventilations voisinent avec un bâtiment de déchargement des camions. Le déchargement se fait par déversage sur une trémie. On peut imaginer en dessous de l'installations différents conduits, à moins qu'il n'existe qu'un seul circuit; trémie, séchoir, machine de tri et filtrage des enveloppes, puis orientation dans plusieurs directions pour la dernière étape de stockage. 

Un second bâtiment fait office de silo horizontale. Ce dernier peut contenir 2000 tonnes de blé. D'un article de Wikipedia fait un bon article sur la productivité... sur la productivité du blé l'article donne un chiffre de 8 tonnes à l'hectare les 2000 tonnes représentent la récolte de 250 hectares. Cela fait imaginer comment il faut être organisé pour stocker les récoltes de milliers d'hectares. 


Nous questionnons notre interlocuteur sur la nécessité de traitement pour éviter champignons et insectes. Il nous affirme qu'ils ne font pas de traitement et que seule la régulation de la température autour de 9° suffit à éviter les proliférations. Les silos sont équipés de ventilateurs qui règlent l'hygrométrie et modifie la température. Quand le grain est stocké il est à une température de 38 °. Il ajoute qu'une bonne partie de leur travail consiste aussi à vider les stocks le plus vite. 


Il ouvre une de ses machines, la plus puissante et plus récente de fabrication allemande, pour nous montrer les tamis. La trappe permet de voir trois étages de tamis; plaque métallique d'un peu plus d'un mètre carré avec des trous de 3 mm, il indique la surface de filtration et la capacité de 50 tonnes à l'heure. Sur l'autre face de la machine on voit à chaque étage une sorte de gargouille pour emporter les grands ou évacuer les déchets. La machine voisine est de plus faible capacité elle a plus de 35 ans. Il nous montre les canaux horizontaux dans lesquels des chaines transportent les grains. Je me demande comment les grains de petite taille peuvent être entrainés jusqu'au dernier. Peut-être la chaîne dans son déplacement produit elle un souffle qui pousse les petits grains légers. Et il nous montre aussi les godets en aluminium (10 X 12 cm profond de 6 cm) qui servent pour le transport vertical ascendant. Dans la chaine de transport certains godets sont perforés et un godet sur quatre est sans perforations. Cela permet d'augmenter la vitesse de transport. Mystère!